CHRONIQUES SUR LE DEUIL

S'entourer de solitude

Depuis son décès, nous nous sentons déconnectés, appesantis... Impossible de suivre la cadence rapide des autres. Nous ressentons le besoin de ralentir, de nous mettre à l'écart de l'effervescence générale. Plusieurs personnes s'en inquiètent et nous suggèrent plutôt de sortir, de nous changer les idées et, surtout, de ne pas rester seuls. Entre ces conseils et nos propres envies, ça devient parfois mêlant de savoir ce qui est le mieux pour nous. Se retrouver seul quand on vit un deuil, c'est bon ou pas?

Est-ce que c'est correct, par exemple, de s'enfermer dans la chambre de la personne décédée? Ou bien d'écouter sa musique préférée en pleurant? De regarder longuement un album photos? De se bercer avec l'un de ses chandails? Est-ce que ça nous torture ou bien ça nous libère?

Pour le découvrir, nous avons tout intérêt à nous observer dans nos réactions et à nous questionner davantage: Sommes-nous apaisés après ces moments de solitude? Avons-nous l'impression d'être plus légers, d'avoir repris de l'énergie? Est-ce qu'après cette pause nous sommes plus confortables en présence de nos proches? Ou, au contraire, aimerions-nous que ces moments de solitude s'éternisent? Souhaitons-nous être constamment seuls pour pouvoir penser sans arrêt à l'autre? Sommes-nous encore plus tristes lorsque nous nous sortons la tête de nos souvenirs?

En fait, être seul peut parfois être source de ressourcement, parfois de détresse. Habités par un profond chagrin, c'est normal de ressentir régulièrement le besoin de nous recueillir. La solitude offre le calme nécessaire pour explorer et libérer une partie de ce qui palpite en nous depuis le départ de l'autre. Le piège c'est lorsque nous en venons à croire qu'il s'agit du seul contexte où nous pouvons nous autoriser à être tristes. Croire qu'il faut se cacher avec notre peine, c'est un mythe qui nous emprisonne. 

Mélissa Raymond
Travailleuse sociale

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Mélissa Raymond
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Mélissa Raymond

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