CHRONIQUES SUR LE DEUIL

Les hommes en deuil

«Les hommes, les vrais, ils sont faits forts. Ils ne pleurent pas. Ils sont débrouillards et capables de régler seuls leurs problèmes. Les hommes, les vrais, sont solides, toujours en contrôle. Ils sont les piliers de la famille, ceux sur qui l'on peut compter en tout temps.» Combien d'hommes correspondent à cet «idéal» masculin? Et qu'arrive-t-il à ces hommes lorsqu'ils sont confrontés à la mort d'un être cher? Est-ce seulement possible de préserver l'image de l'homme fort devant l'expérience souffrante et déstabilisante du deuil?

Parce que personne n'échappe à la douleur de la séparation. L'immense peine ne fait pas de discrimination... Elle envahit autant le cœur des hommes que celui des femmes. C'est plutôt notre façon de vivre notre deuil qui, généralement, diffère. Les femmes auraient plus de facilité à aller chercher du réconfort et à s'exprimer sur ce qu'elles ressentent. Les hommes, quant à eux, seraient davantage portés à cheminer dans le silence et la solitude. Ils peuvent alors être perçus comme distants et insensibles. Peut-être que ces impressions sont plus faciles à tolérer que de courir le risque de paraître fragiles et instables?

Bref, la parole est rarement la bouée de sauvetage privilégiée par les hommes. Souvent, leur bouée, c'est l'action. Agir. Faire quelque chose! S'investir dans le travail. Accomplir un projet en l'honneur de la personne décédée. Militer pour une cause liée au décès. S'attarder à des tâches manuelles. En étant dans l'action, le sentiment d'impuissance paraît moins lourd. Tant que les hommes ne se surmènent pas dans leurs occupations, ils y trouveront un précieux refuge.

Les hommes, les vrais... Dans le chaos émotionnel qui s'installe pendant le deuil, peut-être que les hommes, les vrais, ce sont ceux qui trouvent le courage de demander de l'aide lorsque le besoin se fait sentir...

Mélissa Raymond
Travailleuse sociale

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Mélissa Raymond

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