CHRONIQUES SUR LE DEUIL

Le corps en deuil

La mort a l'effet d'une bombe dans notre vie... laissant notre corps en miettes. Nous pouvons avoir des palpitations, la gorge serrée, l'estomac à l'envers, des engourdissements, des tensions musculaires insupportables, une perte d'appétit, de puissants maux de tête, etc. Notre sommeil est perturbé. Nous nous sentons constamment fatigués ou, au contraire, agités. Notre système immunitaire s'affaiblit - pour le plus grand plaisir des microbes. Bref, la souffrance s'imprime dans notre corps.

Sans nous en rendre compte, nous risquons d'utiliser différents moyens pour détourner notre attention de ces inconfortables et troublantes sensations physiques. S'étourdir pour ne plus ressentir... Travailler sans relâche. Remplir notre horaire pour éviter les moments de solitude. Être trop « dans notre tête ». Trouver refuge dans l'alcool et les drogues. Nous épuiser dans l'activité physique intense. Quoi de plus humain que de vouloir éviter de souffrir !

Il est si tentant de fuir ce qui palpite en nous... Et si dangereux de nous y perdre, de « ne plus se voir aller ». En évitant de tout ressentir, le piège n'est-il pas de ne vivre qu'en surface ? Nous restreindre à être sur « le pilote automatique » ? Si nous pouvons être durs envers nous-mêmes et n'accorder aucune importance à notre corps, nous n'arriverons pas pour autant à faire disparaître la souffrance qui s'y cache. Elle sera plus voilée, mais toujours présente.

Ainsi, plutôt que d'essayer d'étouffer nos sensations physiques désagréables, ne devrions-nous pas les considérer davantage ? Les voir comme des signaux de détresse nous invitant à ralentir, à nous déposer pour un temps. Se pourrait-il que la meilleure voie vers l'apaisement passe d'abord par la reconnaissance de ce qui nous perturbe ? Notre corps, loin d'être un obstacle, pourrait peut-être s'avérer un précieux guide dans la traversée de notre deuil. Encore faut-il prendre soin de l'écouter.

Mélissa Raymond
Travailleuse sociale

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Mélissa Raymond
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Mélissa Raymond

travailleuse sociale