CHRONIQUES SUR LE DOMAINE FUNÉRAIRE : «LA VÉRITÉ S.V.P.»

Qu’est-ce que l’embaumement ?

Bien des gens me disent qu’ils ne feraient pas mon métier. Sans doute l’imaginent-ils bien plus macabre qu’il ne l’est en réalité. Je peux quand même les comprendre parce que j’entends moi-même toutes sortes d’histoires à faire dresser les cheveux…

La vérité est beaucoup plus simple et je vous la dévoile à l’instant.

Le but premier de l’embaumement consiste à retirer le sang du corps afin de pouvoir le conserver plus longtemps. Contrairement à plusieurs croyances, il n’est pas question de retirer les organes profonds du corps, plus communément appelés « viscères ». Pour retirer le sang, une toute petite incision d’environ 5 cm (2 pouces) est pratiquée à la hauteur de la clavicule droite. À cet endroit précis passent les vaisseaux majeurs appelés veine jugulaire et artère carotide. C’est avec ces deux vaisseaux que nous allons travailler.

Un petit injecteur est inséré à l’intérieur de l’artère carotide. Un fluide conservateur à base de formol est alors injecté dans le corps, remplaçant ainsi le sang dans le système circulatoire. C’est ce même fluide qui donnera à la peau cette texture plus rigide. Le sang, lui, est drainé par la veine.

Pour la présentation du corps, on nettoie et désinfecte la bouche, le nez, les yeux et les oreilles, on effectue le rasage et même un massage du visage afin d’enlever l’expression de douleur ou de tension qui s’incruste parfois dans les traits du défunt.

Ensuite, suivront la coiffure, le maquillage, l’habillement et la mise en cercueil. Il faut prêter à chaque détail la plus grande attention. Personnellement, je me fais un devoir de traiter chaque défunt comme s’il était un membre de ma famille. Après tout, chacun a droit au même respect.

Il faut compter en moyenne deux heures pour la préparation du corps. Par contre, lorsque celui-ci a besoin d’être restauré, c’est-à-dire dans des cas extrêmes, le processus peut durer cinq, six ou même 10 heures. Mais qu’importe le temps nécessaire à la restauration, le plus important est d’offrir à la famille du défunt un dernier bon souvenir de son être cher.

Malheureusement, il est parfois difficile de redonner au défunt l’apparence qu’il avait lorsqu’il était en santé. Un amaigrissement important ou une enflure causée par une opération seront bien sûr apparents.

Je dis souvent que je fais mon « gros » possible, mais le domaine des miracles ne m’est pas accessible. Si tel était le cas, je ferais en sorte que chaque défunt soit âgé d’au moins 90 ans.

Stéphane Charron
Président et thanatologue

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Président et
thanatologue

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